Une ribambelle d’expressions
Vous avez dû vous demander ce que je devenais depuis le temps que je n’avais pas écrit de nouvelles chroniques et j’espère bien vous avoir manqué ! Me revoilà donc entre deux séances de bronzette, une pool party et un après-midi de chasse, pour vous parler d’un objet qui, ma foi, m’intrigue au plus haut point.
Je dois dire que les expressions qui parlent de moi (enfin de chat) sont nombreuses… On m’utilise à toutes les sauces : s’entendre comme chien et chat ; appeler un chat un chat ; ne pas réveiller un chat qui dort ; la nuit, tous les chats sont gris ; quand le chat n’est pas là, les souris dansent ; chat échaudé craint l’eau froide; écrire comme un chat… Je veux bien donner ma langue au chat !
Le chat a neuf vies
Il paraîtrait qu’un chat a neuf vies. Ce n’est pas parce que les chats possédent une immunité arbitrairement limitée mais plutôt une expression idiomatique liée au fait que nous bénéficions d’une agilité impressionnante nous permettant de toujours retomber sur nos pattes. Et puis, Les neuf vies du chat peuvent être considérées telle une métaphore du voyage de l’âme à travers les étapes qui mènent à son aboutissement, le chiffre 9 étant associé à la renaissance et à l’éternité dans d’autres cultures.
Mais ce n’est pas de cette expression que je voulais vous parler. J’ai d’autres chats à fouetter et en parlant de fouet, je suis tombée sur le chat à neuf queues qui, peut-être a aussi neuf vies. Qui sait ?
Le chat à neuf queues
Neuf queues ?
J’ai déjà entendu dire qu’il y a des chats qui n’en ont pas du tout, le Manx en particulier. Originaire de l’Île de Man dont il a pris le nom, les américains l’appelle le « dog like », le « presque chien ».
Mais qu’est-ce donc que le chat à neuf queues ?
C’est un instrument de torture, adopté par la Marine anglaise (la plus ignoble du monde occidental), pour punir ses marins. On l’appelait le « Cat o’nine tails » sur les navires de sa gracieuse majesté, où il va être utilisé jusqu’au milieu du XIXème siècle !
C’est un fouet particulièrement cruel. Il est composé d’un manche en bois et de neuf cordes ou lanières de cuir de 40 à 60 centimètres, dont chaque extrêmité se termine par un nœud.
C’est le condamné lui même qui devait faire ces nœuds, parfois remplacés par des griffes en métal, qui une fois ensanglantées, flanquaient en plus une infection au marin puni. À cette époque, sur ces bateaux à voile, la médecine était inexistante. C’était donc une condamnation à mort lente et inévitable.
Un instrument de jeu érotique
Étonnant comme on associe le chat à ce qu’il y a de plus exécrable. Je trouve cela bien injuste. Moi, j’ai des griffes mais je ne m’en sers jamais pour punir ! Je suis une gentille petite chatte.
Mais, vous vous doutez bien que ce que j’ai découvert dépasse tout ce que j’avais imaginé.
C’est en regardant le film de Lars Von Trier, « Nymphomaniac », avec l’excellente Charlotte Gainsbourg, que je compris ce qu’était le chat à neuf queues. Il était devenu un instrument incontournable des jeux érotiques, notamment dans les pratiques BDSM.
Le BDSM
Ce n’est pas la première fois que je prononce cet acronyme. C’est le moment de vous expliquer ce que c’est. Le BDSM regroupe toutes les pratiques sexuelles qui utilisent le Bondage, la Domination, le Sadisme et le Masochisme mais aussi la soumission et les punitions.
Bon, moi, je connaissais la langue de chat. C’est beaucoup plus doux. Le chat à neuf queues, lui, possède un feulement chaud, un souffle rauque et des extrémités piquantes. Ses lanières cinglantes opèrent un drôle de massage sur le corps des suppliciés volontaires.
Ce félin est doté de griffes lourdes et aériennes qui émoussent les peaux en les faisant éclatées telles des bulles de savon.
Bref, vous aviez déjà entendu parler du paddle, de la canne anglaise, du martinet, de la cravache, du fouet… et bien, vous pouvez rajouter le chat à neuf queues dans votre panoplie d’apprenti soumis bien qu’à mon avis, cet instrument ne soit pas à mettre dans les mains de tous les novices !
Un chapitre à lire ou relire
Pour vous faire une idée plus précise de ce chat à neuf queues aux griffes imparables, je vous propose un extrait du roman de mon humaine écrivaine préférée, Into vinceres, qui a été primé dans la catégorie érotique au salon de l’encre et des mots de La Rochelle en novembre dernier.
« Elle me demanda alors de m’approcher du mur et de
tendre les bras afin de m’y appuyer. Après quelques secondes
d’attente interminable, je ressentis un souffle rauque et chaud,
comme un feulement qui brisa l’air épais qui m’entourait. Des
lanières cinglantes vinrent s’abattre sur mon fessier, autant de
griffes acérées, à la fois lourdes et aériennes. Ma peau éclata
en bulles de savon à leur contact. Louise réitéra son geste.
Chaque extrémité était piquante. Chaque pointe de l’étrange
instrument me fit l’effet d’une légère dermabrasion, mais,
bizarrement, chaque passage délesta mon corps d’un poids
invisible. Je m’affaissai dans les cordes qui devinrent un
berceau, un cocon, un hamac. Le poignet de Louise était
souple. Comme un métronome, les filaments de cuir
électrisèrent mon arrière-train, mon dos et mes cuisses,
laissant une douleur cuisante et persistante comme autant de
petits coups de soleil. Après plusieurs sarabandes, le félin à
plusieurs museaux se transforma en boule de feu. Ma
respiration s’affola. Je me concentrai sur elle. Je fus assiégé par
des sensations fortes. Mes organes fondirent littéralement. Je
me repliai sur moi-même, coupé du réel. Je ne m’appartins
plus. Pourtant, je luttai encore, soucieux de toujours me
maîtriser. Quand, soudain, je me laissai enfin gagner par le
relâchement final. Le prédateur de cuir avait réussi à me
domestiquer. Je ne connaissais pas le pedigree de ce bien
surprenant animal, mais je voulais bien donner ma langue au
chat pour être certain qu’il n’aille pas en fouetter d’autres. Je
n’eus pas le temps de réaliser ce qu’il m’arrivait. Comme par
magie, Louise tira sur quelques attaches. Là où le dispositif
avait pris de longues minutes à être installé, ma
prestidigitatrice triompha de son tour de passe-passe avec
une dextérité épatante, en le déliant en quelques
manipulations. Je m’affalai dans ses bras. Elle me recueillit
sur son sein et me serra très fort comme si elle était fière de moi. »
Jessika Lombar – page 43 chapitre « le chat à neuf queues »
Pour vous procurer un chat à neuf queues
Il existe des spécialistes qui pourront vous conseiller et créer des chats à neuf queues sur mesure, comme Caresse de cuir. Privilégiez la qualité. C’est comme pour une manucure ou un toilettage, devrais-je dire ? Les griffes, ça s’entretient !
Si vous appréciez mes chroniques félines, n’hésitez pas à aller fureter dans la rubrique qui m’est dédiée : Les chroniques de ma chatte et comme d’habitude, laissez-moi un commentaire, j’en suis friande !
