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L’érotisme en peinture

by Jessika
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l'érotisme en peinture

Osons parler d’érotisme

Pourquoi devrait-on employer le verbe « oser » ?

Dès que le mot est lâché, il s’entoure d’une sorte de transgressivité naturelle, cela même, lorsque l’on parle d’art.

L’érotisme en peinture :

Les musées regorgent d’érotisme, d’indécence, de postures lascives, de sujets évocateurs, d’images subliminales suscitant le désir. A-t-on nécessairement un esprit tordu ou des idées mal placées le désir dans l’art?

L’érotisme et ses codes

Cela fait déjà trois mois que ce blog existe et que nous cherchons à savoir, tous ensemble, ce qu’est l’érotisme.

Nous avons appris qu’il est intime et propre à chacun et à chaque culture. Il se vit seul, dans la tête, dans les pensées, au fond des rêves.

Aujourd’hui, nous allons voir que l’érotisme s’articule autour de trois codes principaux qui constituent ses fondements : le dévoilement, le mystère et les sous-entendus. Il suggère plutôt qu’il montre… Enfin, ça dépend.

La nudité en peinture

Le nu à la base de l’art depuis des siècles

On retrouve des représentations de la nudité depuis la Préhistoire, à travers des peintures rupestres ou des sculptures. Au cours des siècles, l’homme lui a donné des significations différentes, selon les époques, le contexte et les cultures.

La vision du corps change et évolue à travers les âges.

Un gage de fertilité

Avant l’Antiquité, le sexe est une question de reproduction. Comme on peut le voir sur les murs des grottes de Lascaux, les gros pénis symbolisaient la fertilité. La femme était grosse à l’instar des Vénus, statuettes aux corps schématiques très enveloppées.

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Vénus préhistorique

La nudité, une affaire de divinités

Plus tard, à Pompéi, durant l’Antiquité, Priape, figure ithyphallique par excellence, représente le Diable, la lubricité et le non contrôle de soi, en opposition aux sculptures grecques aux corps d’athlètes parfaits. Paradoxalement, la beauté et l’harmonie de l’homme grec sont entachées par la représentation d’un tout petit sexe, non fidèle à la proportion réelle.

figure ithyphallique

Le nu proscrit de l’imagerie chrétienne

Au Moyen-âge, c’est l’Église qui est le principal commanditaire de l’art. Le corps devient symbole de péché originel. Seuls Adam et Eve, le Christ souffrant ou les martyrs sont peints dans leur plus simple appareil.

De plus, les corps sont souvent décharnés et vieillis (n’oublions pas que la Peste fait rage)

Le nu est ambivalent, entre innocence et pureté, en opposition à Satan, entre Paradis et Enfer. Et cela durera jusqu’au XVème siècle.

La renaissance

Le nu grandeur nature

Pour la première fois depuis 300 ans, le nu grandeur nature fait son grand retour. Les canons de l’esthétique de la beauté idéale, prônés à l’Antiquité, reviennent sur le devant de la scène artistique. Michelangelo et Donatello avec leur David, à la musculature parfaite, aux allures d’Adam bodybuildé. La représentation des femmes aves les Vénus : celle de Giorgione propose une Vénus endormie dans un paysage, véritable incitation sexuelle par le positionnement de sa main. Celle d’Urbin, nue et consciente de l’être avec son regard franc. Celle de Botticelli au subtil déhanchement qui magnifie la nudité. Que dire des trois Grâces, femmes charnues et désirables.

L’apogée du désir

Les interdits du siècle des Lumières

Alors que Sade n’est pas encore né, comment représenter le désir dans la société moraliste du siècle des Lumières?

Les œuvres licencieuses et transgressives, la pensée sulfureuse se confrontent à la morale.

Alors qu’auparavant, seule la nudité d’une déesse pouvait être acceptable, les peintres participent à libérer les corps féminins du carcan des codes classiques académiques.

Le style libertin

François Boucher, peintre à la Cour de Louis XV et protégé de la Marquise de Pompadour, va inventer le style libertin.

Il va même très loin en mêlant volupté et désir avec sa troublante Odalisque brune. Son fessier mis en lumière, travaillé pour que l’on ne voit que lui, au point que les sensations des étoffes et de la chair nous brûlent les rétines.

Le désir confidentiel

À cette époque, les commandes de nus se multiplient pour décorer les nouveaux espaces dévolus aux désirs.

Au XVIIIème, on connaît mieux le corps humain grâce à la science. C’est la première fois qu’on décrit l’orgasme féminin, comme dans l’œuvre de Pierre Antoine Baudouin, La Lecture en 1760.

L’orgasme féminin

Ce tableau ne décrit-il pas une scène de masturbation déguisée? Il n’y a qu’à observer l’expression du visage, la tête renversée, les yeux mi clos, qui suggèrent l’extase, la pâmoison qui succèdent un orgasme.

Désir ou violence ?

Le désir s’apparente quelquefois à la violence dans sa représentation telle que nous la montre Fragonard avec sa Résistance inutile. Le désir entre jeu et violence. Feindre la résistance pour aiguiser le désir de son époux.

La Lecture – Pierre Antoine Baudouin

L’Orient fantasmé

Au XIXème, les peintres fantasment l’Orient. Ils laissent libre cours à leur imagination débridée. La pensée sulfureuse devient un voyage personnel. Les odalisques, sorties tout droit des harems, sont paradoxalement représentées avec un teint pâle. Leur corps glabres s’opposent aux aisselles poilues de La Liberté de Delacroix.

Le nu et l’érotisme accepté

Sa Majesté « l’Ampleur »

Le sujet devient sérieux, savant et mythologique.

Napoléon III succombe lui-même face à la Vénus de Cabanel. Cet amoureux obsessionnel, surnommé Sa Majesté l’Ampleur en référence à sa large braguette, va jusqu’à acheter l’œuvre pour pouvoir rêver à sa guise devant sa contemplation.

la vénus – Cabanel

Le nu qui choque

La femme, jusque là représentée nue et offerte dans la surprise, se dévoile sciemment, notamment sous le pinceau de Manet. Ses toiles font scandale. Le déjeuner sur l’herbe ou encore le regard qui choque de l’Olympia.

L’outrage à la pudeur

Un salon des refusés s’organise même pour présenter les artistes dont les œuvres ont été rejetées par la censure.

Le code Napoléon diabolise les corps féminins et condamnent « l’hystérie » des femmes qui jouissent trop fort.

Le déjeuner sur l’herbe – Manet

L’interdiction renforce le désir

Pourtant, l’interdiction renforce la provocation, le désir et l’érotisme. Le corps nu se sexualise en cachette.

L’Olympia – Manet

Les tabous tombent

Le XXème siècle voit tomber les tabous avec la génération de Mata Hari et de Colette, puis la vague hippie dont le nudisme sauvage et militant font bouger les codes et les règles.

En 1914, Ingres peint une Odalisque bien différente de ses aînées puisqu’elle ne respecte pas les proportions humaines. En effet, elle arbore quelques vertèbres supplémentaires.

De Cézanne, avec ses grandes baigneuses aux corps dénués des canons antiques féminins à Picasso avec ses Demoiselles d’Avignon, prostituées sans visages, aux corps déformés, les artistes s’affranchissent des règles et des codes, craints autrefois par leurs prédécesseurs.

L’érotisme en peinture, une question de codes et de contextes

L’érotisme ne serait-il pas finalement une question de codes et de contextes.

Le nu, dans l’art, a suivi les tendances des époques successives avec une alternance régulière de transgressivité et de permissivité, de libérations et de tours de vis.

Retour du puritanisme ?

Notre siècle n’aurait-il pas tendance à se confiner dans un puritanisme et une hypocrisie de plus en plus prépondérants ? La société actuelle souffrirait-elle d’un regain de tabous et de complexes.

Qu’en pensez-vous ?

La nudité dans l’art – pour aller plus loin

Je vous invite à visionner cette vidéo YouTube La nudité vous choque ? Voici pourquoi.

Pour lire d’autres articles sur l’érotisme dans l’art, visitez la page L’érotisme à l’œuvre.

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